« Mon parcours a été marqué par des épreuves dès mon enfance, lorsque ma grand-mère a pris soin de moi après que ma mère ait eu des troubles. À Ziguinchor, j’ai enduré des abus et des souffrances, mais mon voyage m’a également menée en Guinée, où j’ai affronté des blessures physiques et émotionnelles. Malgré tout, ma vie a été transformée par ma rencontre avec Jésus, et aujourd’hui, je cherche à aider les autres à surmonter leurs propres défis grâce à mon témoignage de résilience et d’espoir ».
Une enfance difficile
Je m’appelle Mme Mireille Bandiaky, et je suis née le 10 décembre 1992 en Guinée-Bissau, dans un endroit appelé Thiada. À un an, ma grand-mère est venue me chercher parce que ma maman était possédée par un esprit. Quand cet esprit prenait le contrôle d’elle, ma mère me laissait souvent seule. C’est alors ma grand-mère qui prenait soin de moi après m’avoir récupérée. C’est pourquoi je suis plus proche de ma grand-mère. C’est elle que je connais le mieux. Je n’ai pas de lien d’amour avec mon père ni avec ma mère. C’est ma grand-mère qui m’a élevée, elle m’emmenait partout avec elle.
Ziguinchor où le début de mes calvaires
Quand nous sommes arrivées à Ziguinchor, au Sénégal, elle me confiait aux voisins à chaque fois qu’elle partait en voyage. À l’âge de 7 ans, ma grand-mère me confiait au voisinage où je subissais des viols répétés.
Le fils du voisin me violait étant enfant. Je n’oublierai jamais cela. À chaque fois qu’il devait abuser de moi, il me menaçait. À ses retours de voyages, ma grand-mère me regardait et je pleurais.
Elle me demandait pourquoi je pleurais, et je lui répondais à chaque fois que j’avais peur, c’est pourquoi je pleurais. Elle ne restait pas à la maison puisqu’elle était commerçante.
J’ai fini par tomber malade, et ma grand-mère m’a amenée à l’hôpital. C’est là que j’ai fini par lui dire que c’était le fils du voisin qui abusait de moi.
A Ngoré, le calvaire a pris un autre visage
Je suis finalement partie de cette maison et nous sommes allées à Ngoré. Pendant notre séjour là-bas, ma grand-mère est tombée gravement malade, et je suis restée à ses côtés.
Lorsque ma grand-mère est tombée malade, il n’y avait personne pour prendre soin de moi. Alors, elle m’a confiée à sa propre fille, la petite sœur de ma mère. Malheureusement, cette personne ne prenait pas soin de moi comme il se devait. Elle ne m’a pas inscrite dans une bonne école, alors que son propre enfant fréquentait une école de renommée. En plus, elle m’a traitée de manière abusive et m’a forcée à travailler comme domestique. Ce n’est qu’après la guérison de ma grand-mère que nous sommes retournées à Ziguinchor.
Le retour à Ziguinchor et la rencontre avec mon père
Quand nous sommes revenues à Ziguinchor, ma maman m’a confiée à ma famille du côté de mon père. Elle m’a dit : « Voici ta famille paternelle. » À ce moment-là, je ne connaissais pas mon père et ce n’est qu’à l’âge de 11 ans que je l’ai rencontré pour la première fois. À cette époque, mon père commençait à s’occuper de mes papiers, du moins c’est ce qu’il disait car j’étais encore très jeune et innocente. J’ai vécu dans cette maison où il y avait beaucoup d’hommes et de femmes. Nous travaillions tard dans la nuit sans prendre de pause. Parfois, nous devions chercher de la nourriture pour les porcs le ventre vide, et il m’est même arrivé de devoir manger la même nourriture que les porcs.
C’était parce que nous avions tellement faim et que chez nous, nous ne mangions pas assez. C’est à partir de là que j’ai commencé à voler et à mentir. Pourquoi ? Parce que la pauvreté et le manque de nourriture nous poussaient à agir ainsi. Si nous ne trouvions pas de nourriture pour les porcs, nous devions sortir pour chercher de la nourriture ailleurs. Parfois, nous volions la nourriture des gens endormis pour pouvoir manger. Et ainsi, cela a continué jusqu’à ce que je sois blessée après avoir été battue pour ne pas avoir ramené de nourriture de porcs lors de mes sorties. Pleurs…
La rue m’ouvre grandement ses portes
J’ai commencé à fumer. Les hommes abusaient de moi. Chaque fois qu’ils le faisaient, ils me donnaient 100 ou 200 FCFA. Parfois, je n’allais pas à l’école avec mes camarades. Je déambulais, passais mes nuits dans la rue, épuisée des coups. Je ne pouvais plus rentrer chez moi à cause des bastonnades. Le chef de la maison m’a finalement renvoyée, alors je passais mes nuits dans des maisons abandonnées. C’était ma réalité quotidienne.
Une main tendue qui a brisé ma vie
C’était ma vie quotidienne. Je dormais à la belle étoile, dans la rue. Je cherchais de la nourriture et j’ai rencontré un jeune homme qui m’a proposé de passer la nuit chez lui en apprenant que je dormais dehors. Malheureusement, il m’a violée et j’ai ensuite découvert que j’étais enceinte. Après l’accouchement, je n’étais pas en mesure de m’occuper de mon bébé, alors je l’ai confié à une dame pour qu’elle en prenne soin.
D’une plaie infectée à une seconde grossesse : Mon supplice en Guinée
Pendant ce temps, je continuais à passer mes nuits dans la rue avec une douleur atroce dans ma jambe. Cette douleur avait commencé par un petit bouton très douloureux qui s’était transformé en une grosse plaie infectée.
À la recherche d’une guérison, je consultais des marabouts, des féticheurs, mais malgré mes efforts, aucun changement positif ne se produisait. J’ai donc décidé de me rendre en Guinée, convaincue que les plus grands fétiches se trouvaient là. Malheureusement, je n’ai pas trouvé de remède même dans ce pays. Durant mon séjour, j’assumais les tâches domestiques chez ma tante. Là-bas aussi, je suis tombée enceinte de mon petit ami.
« À Ziguinchor, enceinte, je me suis réfugiée dans le commerce du chanvre indien »
Je suis retournée à Ziguinchor. J’ai vécu avec un ami qui vendait du chanvre indien. J’aidais à vendre sa marchandise et j’ai fini par fumer du chanvre. J’ai aussi fait les tâches domestiques chez lui malgré ma maladie. Un voisin m’a récupérée pour vivre avec lui, enceinte. Ensuite, je suis retournée chez le vendeur de chanvre indien. J’étais là quand la police l’a arrêté.
Par la suite, j’ai déménagé dans le quartier voisin jusqu’à mon accouchement. Après avoir accouché, ma maladie s’est aggravée.
La mendicité, la débauche, la drogue, l’alcool…
Je n’avais pas d’argent pour emmener mon enfant à l’hôpital, donc je devais mendier dans la rue pour obtenir des soins médicaux pour mon bébé.
À Ziguinchor, c’était vraiment difficile. Je passais mes nuits à errer dans les rues, à grimper dans des cars, des taxis, à trouver refuge dans des garages ou même dans des maisons abandonnées. Le matin, au réveil, ma première quête était toujours de trouver de l’eau pour me laver le visage. Ensuite, je partais à la rencontre de mes amis. Souvent, quand ils m’accompagnaient la nuit, je leur demandais de ne pas trop insister, car je préférais chercher moi-même un abri pour la nuit.
On m’a confondue à une voleuse
Une nuit, par pure coïncidence, je suis entrée dans la maison d’un ami sans le savoir. Je me suis dirigée vers leurs toilettes pour me laver quand soudain, j’ai été prise pour une voleuse. Ils m’ont emprisonnée dans un sac et ont commencé à me frapper. Heureusement, quand cet ami est arrivé, il les a informés qu’il me connaissait et que je n’étais pas une voleuse. Les coups ont cessé, et il m’a offert un repas.
Plus tard, il a suggéré de me raccompagner chez moi, mais j’ai décliné. Je ne voulais plus retourner à la maison à cause des violences et des mauvais traitements que j’y avais subis. J’ai préféré rester dans la rue.
Ainsi, j’ai continué ma vie de rue, fumant, buvant de l’alcool pour oublier la dure réalité. La nuit, je me déguisais en homme pour échapper aux viols des jeunes hommes. J’étais contrainte de chercher des cartons pour avoir un semblant de lit. Au fil du temps, je m’habillais comme un homme et j’ai même développé des sentiments amoureux envers des femmes, adoptant un mode de vie qui me ronge le cœur rien que d’y penser. Conséquence, j’étais devenue une homosexuelle.
Un premier pas vers la Lumière…
J’ai vécu dans ces conditions jusqu’au jour où, par la grâce de Dieu, j’ai rencontré un frère chrétien qui m’a partagé l’évangile de Jésus-Christ. Quand il m’a prêché l’évangile, j’ai décidé de donner ma vie à Jésus. Pourtant, même après cela, la vie dans la rue était toujours difficile pour moi. J’y suis restée, continuant à souffrir de ma plaie, qui sentait mauvais. Quand je prenais un taxi, le conducteur me demandait toujours de descendre à cause de l’odeur, et les conducteurs de moto faisaient de même.
Et la Lumière fut
Cette plaie continuait à me faire souffrir. J’ai essayé les fétiches, les bains mystiques, mais sans succès. Je pleurais jour et nuit, jusqu’au jour où j’ai rencontré des serviteurs de Jésus-Christ. Ils m’ont partagé la Parole de Dieu et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment donné ma vie à Jésus. Son intervention a apporté un grand changement dans ma vie. C’est grâce à Jésus que ma vie a été transformée.
Jésus m’a sorti des ténèbres pour me conduire à la lumière. Il m’a guérie. Il m’a procuré un toit. Il m’a accordé du repos. Mes enfants vont désormais à l’école dans de bonnes conditions. Je travaille et j’ai mis en place une entreprise de multiservice. Jésus a tout changé dans ma vie : je ne dors plus dans la rue, je ne bois plus d’alcool, je ne fume plus, et je ne mène plus une vie qui ne glorifie pas Dieu. Jésus a vraiment transformé ma vie.
Tendre la main aux autres
J’ai un projet visant à soutenir les personnes handicapées pour leur montrer que le handicap est simplement une perception de l’esprit et non une limitation physique. Je souhaite mettre en place un projet sportif spécialement conçu pour les femmes handicapées, dans le but de les aider à récupérer celles qui mendient dans la rue et de leur faire comprendre que la rue n’est pas leur véritable domicile. Mon objectif est de partager avec elles l’expérience de transformation que Jésus a opérée dans ma vie, en leur montrant qu’il peut également transformer la leur.